Jacques MESRINE, emprisonné à Fleury-Mérogis, s’impatiente de son procès à venir.

« D’après mes renseignements, le procès de cette affaire passera seul et non avec mes “hold-ups” »

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Description

Jacques MESRINE (1936.1979)

Lettre autographe signée à sa maîtresse Jeanne Schneider.

Deux pages in-4°.

[Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis]. 19 octobre 1976.

 

« D’après mes renseignements, le procès de cette affaire passera seul et non avec mes “hold-ups” »

Mesrine, emprisonné à Fleury-Mérogis, s’impatiente de son procès à venir.

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« Nanou d’amour, Comment ça va mon adorable La grande. Tu ne dois pas dormir en ce moment… Cette attente est pénible. Je te dirais que moi aussi je dors mal, car j’espère ne pas m’être trompé en te donnant de l’espoir. De toute façon tu auras la réponse cette semaine. Aujourd’hui je n’ai pas reçu de lettre, mais je n’ai rien à dire, le courrier va assez vite en ce moment. Tu sais mon ange, j’ai hâte que cette maudite réponse arrive, car c’est intenable pour toi. C’est vrai que tu es au bout 7 ans 1/2 de ta vie… qui peut comprendre ! D’après mes renseignements, le procès de cette affaire passera seul et non avec mes « hold-ups » qui eux passeront en premier. Tout cela n’a absolument aucune importance pour moi, mais notre affaire ne passerait qu’en janvier ou février. Si tu es en liberté… nous aurons le temps. Mais il faut que tu y sois et là !! Dieu seul le sait, « et moi » (sic). Ce soir ma lettre sera très courte, car je n’ai pas envie d’écrire, ayant la tête complètement vide. Tu sais ici les cellules sont peut-être belles et propres, mais on bouffe mal à côté de la Santé … en plus de deux mois que je suis ici, je n’ai eu que deux fois de la viande qui se voulait rouge. Parfois le dimanche c’est bien mais le restant du temps, « très ordinaire » et il n’y a pas les plats cantinés comme dans les autres prisons, j’en arrive à bouffer à contre cœur. C’est toujours la même chose. Je vais être obligé d’aller prendre un repas dehors ! Tiens je vais moi aussi poser ma liberté provisoire…… chiche !

C’est qu’ils seraient capables de se tromper et d’accepter ! Bien que ! Le jour où je la poserai … on me l’a refusera pas. J’ai toujours eu des arguments très convaincant (sic) mais mes libertés sont vraiment provisoires … à la vérité je m’en fouts. Tu t’imagines la joie de Mury si tu vas la voir à Rouen sans la prévenir. Quelle tête elle va faire et ton salopard de père ! … tu pourras enfin le remercier pour tout ce qu’il n’a pas fait. Oui c’est beau de rêver. Si tu n’as pas encore fait la commande des chemises… attends la réponse de ta provisoire … car tu ne seras plus là pour les réceptionner. Tu vois ma puce je suis presque certain que cette fois tu vas sortir … je le sens. C’est la première fois que je te dis une telle chose. On ne m’a rien dit, mais c’est une intuition, comme pour les 8 ans à Michou. Tu me dis que son mari veut faire cassation, il a raison ! Il prendra 20 ans au lieu de 17 ans. Il s’en est très bien sorti, et elle aussi… Mais laisse la décider seule … ce ne ce ne sont pas tes salades OK. Quelle tête vas-tu faire si on te dit « Jane Schneider liberté », pauvre Nanou … tu verras comme on s’habitue très vite à être libre. Et puis tu auras tes petits vieux pour te tenir compagnie. Normalement je te vois jeudi … sauf imprévu ! Nanou d’amour, je termine en posant de doux bécots sur tout ce qui est toi. Bonne nuit chaton, te quiero.  Ton vieux voyou à toi seule » 

 

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Jacques Mesrine rencontre Jeanne Schneider en 1968. Elle est une call-girl, dont les souteneurs ont été abattus par Mesrine, selon ses dires. Après plusieurs larcins commis en Europe, ils fuient au Québec et poursuivent leurs activités criminelles. Ils passent plusieurs années en prison, et ce malgré l’acquittement du couple suite au meurtre d’Évelyne Le Bouthilier (patronne d’un motel à Percé où le couple Mesrine-Schneider avait résidé le soir de l’assassinat).

Rentrée en France pour purger sa peine à Fleury-Mérogis au début de 1973, Jeanne apprend que Mesrine vient d’être arrêté à Boulogne-Billancourt et condamné à 20 ans de prison. Les deux amants entretiennent dès lors une correspondance amoureuse. Fatiguée de cette vie de gangster, Jeanne Schneider fini par se ranger et rompre alors que lui est toujours en prison. Mesrine ne s’arrête pas, condamne avec acharnement ses conditions de détentions et s’évade. Il tombe sous les balles de la BRI après 16 mois de cavale, le 2 novembre 1979, à l’âge de 42 ans.

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